On imagine que vous vous félicitez de cette condamnation de Monsanto, une première en France…
Je ne peux que m’en réjouir ! Monsanto a toujours fonctionné dans l’impunité grâce à ses moyens énormes. Cette décision, c’est la démonstration que quand la justice veut œuvrer contre un tel mastodonte, elle peut le faire. Et c’est surtout le premier pas d’une jurisprudence visant à condamner les criminels écologiques. Mais cette affaire cache bien d’autres crimes de Monsanto à travers le monde, pour lesquels se battent beaucoup de paysans.
L’histoire de Monsanto a été émaillée de nombreux scandales sanitaires et procès, comme celui de « l’agent orange » au Vietnam, sans que cela ne freine son expansion…
Cela n’a pas freiné son expansion, car Monsanto est une multinationale présente dans de nombreux pays, et que dans un certain nombre d’entre eux, la justice n’est pas suffisamment forte.
La France le sera suffisamment désormais ?
Il faudra encore beaucoup de décisions de justice et de procès gagnés pour que Monsanto recule. On est encore loin du compte.
Derrière cette condamnation de Monsanto pour un de ses herbicides, peut-on aussi voir une remise en cause des OGM, dont il est le principal fournisseur de la planète ?
Monsanto a inventé les OGM pour lutter contre ses propres herbicides, ce qui est totalement ubuesque… La justice a-t-elle pris position pour ou contre les OGM ? Je ne sais pas. En tout cas, elle a pris une position qui vise à considérer que l’environnement est un bien commun et qu’il ne peut être altéré de manière irréversible.
Cette condamnation intervient après la récente montée au front de Ségolène Royal contre l’herbicide-phare de Monsanto, le Round-up, dont elle a annoncé l’interdiction de la vente en libre-service aux particuliers. La ministre de l’Ecologie doit-elle selon vous muscler encore son rapport de force avec le géant américain ?
Oui ! Son interdiction de la vente du round-up, ce n’est rien d’autre qu’un effet de manche. Le glyphosate, qui est à l’origine de ce désherbant, est considéré comme cancérogène par l’OMS. Que l’on demande l’interdiction de sa vente, c’est tomber sous le sens et c’est la moindre des choses quand on prétend être écologiste.
Il faudrait l’interdire pour les particuliers comme pour les agriculteurs ?
Bien sûr. Il y a aujourd’hui des combats judiciaires qui sont menés par des riverains des vignobles dans lesquels on procède à l’épandage des pesticides. Sachez que dans ma région, le nombre de cancers du cerveau est 3,5 fois supérieur à la moyenne nationale.