Question à Manuel Valls
Monsieur le premier Ministre,
Comment ne pas dire sa colère, sa honte et son indignation devant la dérive sécuritaire du Président de la République et de votre gouvernement ? Après le tournant social-libéral, les aventures militaires, vous enfoncez aujourd’hui un clou de plus dans le cercueil de la gauche.
Quelle déchéance, en effet, au regard de cette gauche qui abolit la peine de mort, dépénalisa l’homosexualité, supprima la Cour de sureté de l’Etat et les tribunaux d’exception ! 35 ans plus tard, pour satisfaire de misérables petits calculs politiciens, vous vous apprêtez à toucher à notre Loi fondamentale en y inscrivant la déchéance de nationalité.
Avec un cynisme sidérant, vous recyclez une vieille obsession de l’extrême droite dont vous légitimez la logique xénophobe que vous faites entrer par la grande porte. Partant, vous stigmatisez 3,7 millions de binationaux, vous portez atteinte au caractère indivisible de la citoyenneté et vous ouvrez une brèche dans le sacrosaint droit du sol.
Non, Monsieur le premier ministre, vous ne rassemblez pas les Français, vous les divisez.
Au nom de la guerre que vous prétendez mener contre le terrorisme, vous voulez inscrire l’état d’urgence dans notre Constitution et vous préparez de profondes réformes de nos codes pénal et de procédure pénale. Petit à petit, vous détricotez notre Etat de droit au profit d’un Etat de sécurité. Vous êtes en train de poser les bases d’une société où la sécurité prime les libertés, où le juge judiciaire est relégué derrière le policier, le procureur et le préfet ; où le législatif est soumis à l’exécutif qui légifère par ordonnances.
Au nom de cette logique guerrière, vous mettez en tension la société française et vous jouez sur ses peurs plutôt que d’affirmer la force de nos valeurs démocratiques comme meilleur rempart contre ceux qui veulent détruire notre modèle.
Monsieur le premier ministre, nous ne vous suivrons pas dans cette descente aux enfers et nous vous combattrons, parce que nous savons que les libertés sont la meilleure arme contre le poison de la peur.
Noël Mamère,
Le 12/01/2016
Vous trouverez la vidéo de la question, ainsi que la réponse de Manuel Valls ci-dessous :