Bruxelles, le 5 mars 2014 –

Chère amie, cher ami,  

« Retournement de situation »

De candidat écologiste aux élections européennes, me voilà député sortant, militant politique mettant en place un comité de soutien pour mon ami José Bové. Pour chacune de mes campagnes, j’ai eu la chance d’être entouré et encouragé par des personnalités du monde de la culture et du sport. Je suis donc pleinement conscient de la valeur de ce type d’engagement politique. 

Si j’estime important de vous demander de vous impliquer auprès de José c’est parce que je suis intiment convaincu de ses qualités pour porter le projet écologiste aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des institutions. Cette « bipolarité » qui le caractérise est une qualité peu commune en politique. Rares sont les politiciens expérimentés qui réussissent à étendre leur action politique au-delà des instances du pouvoir. José est l’un d’eux, avec quelques autres comme Yannick Jadot, ancien activiste de Greenpeace. 

José Bové, c’est l’expression d’une singularité en rupture de style vis-à-vis du conformisme politique asphyxiant. 

Quand certains considèrent qu’ « entrer en politique » revient à renoncer à toute forme d’activisme, José descend dans la rue pour protester contre l’exploitation du gaz de schiste, les OGM, les conflits d’intérêts au sein des institutions, l’injustice d’une politique agricole commune au service de l’agro-industrie, ACTA, la dérégulation promue par le partenariat transatlantique de commerce et investissement (TTIP), …

La fonction n’est donc pas à frein à l’engagement. Au contraire!

Elle permet d’amplifier l’action politique. José est capable de bousculer les traditions du pouvoir pour effacer les frontières convenues entre « la communauté des politiques » et celle des citoyens.

Il incarne à mes yeux cette lutte constante pour la démocratisation de la mondialisation et la réalisation de la démocratie post-nationale européenne. Nous sommes en droit d’attendre de la construction Européenne qu’elle soit à la hauteur des ambitions démocratiques sur lesquelles elle se fonde. Mais nous devons aussi comprendre et admettre que sa morphologie actuelle n’est pas à la hauteur de cette exigence. 

Comprenons bien que le projet politique d’Union européenne – précisément parce qu’il relève du projet – est susceptible d’exister selon diverses déclinaisons. Nous ne pouvons par conséquent accepter que certains imposent unilatéralement leur manière de l’écrire. L’Europe n’est pas une fatalité! Mais nous avons besoin de femmes et d’hommes politiques capables de déstabiliser le traditionalisme des partis qui font l’Europe afin d’en produire la métamorphose.Votre soutien est donc précieux dans cette campagne qui s’annonce difficile.J’espère que vous serez nombreux à me rejoindre dans cette initiative. 

Amitiés, 

Daniel Cohn-Bendit